07/10/2024 MÉXICO

L’espéranto, une opportunité pour le monde?

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Vaut-il mieux apprendre le français, l'anglais ou l'espagnol? Cet article présente une autre solution: l'apprentissage de l'espéranto, une langue auxiliaire internationale dont l'objectif est de favoriser l'intercompréhension des personnes de peuples d'origines diverses,de permettre le droit à l'égalité culturelle en utilisant les langues d’origine indo-européennes.

Qu’est-ce qui est préférable: apprendre l’espagnol ou le français?. Telle est la question délicate que beaucoup d’entre nous peuvent se poser à l’heure d’apprendre une langue étrangère. Très souvent, les problèmes internationaux sont considérés comme des conflits d’intérêts politiques, économiques ou encore religieux entre les nations Cependant dans certains cas, les causes sont beaucoup plus simples, telle que l’influence des langues sur l’interaction internationale.

A titre d’exemple, en 2012, lors des salutations protocolaires aux membres de la famille régnante d’Espagne, Oscar Matondo, un diplomate congolais a tout simplement nié la main de la princesse Letizia. Ce geste anodin envers un membre important de la famille royale a suscité une controverse internationale suite à laquelle, le diplomate a assuré que ce n’était qu’un malentendu: “elle a prononcé des mots que je n’avais pas compris“. Une méprise qui aurait pu causer un incident diplomatique, une simple méprise due à une mauvaise interprétation linguistique.

Des solutions?

Ce problème a fréquemment été éludé par deux pseudo-solutions qui semblent évidentes : l’usage de l’anglais et le multilinguisme

L’usage de l’anglais

Traduction [Photo: Geralt via Pixabay]
Traduction [Photo: Geralt via Pixabay]

On ne saurait nier l’existence de “langues internationales” telles que l’anglais qui ne couvre pourtant qu’une partie minoritaire de la population mondiale. On estime qu’outre les 8% d’anglophones de souche, seulement 8,5% à 9% de la population mondiale sait soutenir une véritable conversation en anglais. L’anglais reste une langue beaucoup moins facile à maîtriser qu’il n’y parait, en dépit de sa relative simplicité grammaticale. En outre, la compréhension orale de cette langue est loin d’être aisée, même pour un connaisseur de la langue écrite, et présente des difficultés avérées pour tout le monde.

Effectivement, sur le plan international, l’anglais reste la langue des décideurs politiques, économiques, médiatiques et financiers. Ces mêmes décideurs sont formés dans des écoles où la maîtrise de l’anglais constitue un moyen de sélection redoutable, une condition sine qua none de la poursuite de leur formation. La langue de Shakespeare est ainsi devenue la langue du commerce et de la finance, une langue qui transmet des schémas culturels qui lui sont spécifiques; tout cela grâce à l’évolution des États-Unis, au niveau international, suite à la Seconde Guerre Mondiale.

Le multilinguisme

En parlant de multilinguisme, l’UE entend: Une politique qui impose à une organisation, une société ou une institution, d’utiliser plus d’une seule langue dans ses communications internes et/ou externes“, afin de promouvoir l’égalité entre ses 24 langues officielles. Quel est alors le problème posé par le multilinguisme? 


Bien que tous les documents officiels de l’UE soient traduits dans vingt-quatre langues officielles, le droit d’usage des langues par l’UE devient limité en pratique. Comme le dit George Orwell dans La Ferme des AnimauxTous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres“.

L'UE opte pour une politique multilingue [Photo:  Hans via Pixabay]
L’UE opte pour une politique multilingue [Photo: Hans via Pixabay]

De plus, apprendre une langue n’est pas chose aisée, et cela pose problème à toute personne voulant travailler, étudier, voyager, etc. dans un pays où se parle une langue différente. À quelques exceptions près, la plupart des gens apprennent d’autres langues par besoin et non par plaisir. À cet égard, il est surprenant de constater que lors des discussions entre les pays de l’Union Européenne, la question sur le moyen de communication entre les peuples à l’échelle européenne n’ait pas vraiment été réglée. Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de dispositif qui faciliterait cette communication ainsi que les échanges économiques et interculturels à travers le monde.

Il apparaît alors légitime de se demander si le multilinguisme de l’UE ne contrecarre pas, de fait, l’intégration naturelle de ses 28 États membres, générant ainsi un obstacle au développement de la démocratie et du libéralisme. 

Face à ces problèmes, certains plaident pour l’enseignement d’une langue auxiliaire internationale.


Une langue auxiliaire internationale? Pour quoi faire?

Selon l’Association Mondiale Anationale (SAT): ” Certains acceptent avec fatalisme le problème linguistique pendant que d’autres en tirent profit, leurs propres connaissances en matière de langues étrangères leur conférant des avantages pour leur carrière ou un certain prestige. Mais avant tout, les classes dominantes de nombreux pays ont toutes les raisons de préserver la situation actuelle. Il est dans leur propre intérêt que la majorité de la population reste peu capable de maîtriser les langues étrangères. Ainsi les classes dominées ont un accès plus réduit aux idées et informations en provenance d’autres pays qui n’auraient pas passé le filtre des médias de masse contrôlé majoritairement par les classes dominantes.

La domination mondiale d’une poignée de langues repose essentiellement sur le pouvoir des Etats qui les utilisent. Les membres des communautés linguistiques non privilégiées communiquent de bas en haut, dans la mesure où ils maîtrisent plus ou moins une ou plusieurs des langues hégémoniques. Ceux qui ne maîtrisent pas au moins une des langues  principales  se trouvent en grande partie exclus de la communication internationale.

Appartenant à des petites nations, nous sommes contraints d’apprendre les langues des grandes si nous voulons prendre part à la vie et au progrès du monde et avoir des relations politiques, scientifiques, commerciales et culturelles. C’est humiliant pour les petites nations. Seule une langue neutre comme l’espéranto pourrait éliminer cette dépendance culturelle. ” (Ali Gerard Jama, Ministre Somalien de l’Éducation, 1960)

Une opportunité pour le monde?

L’espéranto est une langue créée en 1887 par Ludwik ZamenhofSon objectif est de favoriser l’intercompréhension des personnes de peuples d’origines diverses et de permettre le droit à l’égalité culturelle en utilisant les langues d’origine indo-européennes.

Rassemblement en faveur de l’espéranto

Les espérantistes (personnes parlant l’espéranto) soutiennent que l’espéranto est plus facile à apprendre, grâce à sa grammaire, que les langues nationales existantes. Chaque mot se forme en ajoutant à un radical  des morphèmes invariables signalant chacun un trait grammatical précis, par exemple : o pour les substantifs, a pour les adjectifs, e pour les adverbes dérivés, j pour le pluriel, et n pour le cas accusatif, il est même possible d’accéder à des cours gratuits sur internet, en cliquant ici ou ici.

Les défenseurs de l’espéranto affirment que l’objectif ultime est de promouvoir la paix entre les peuples en rendant la communication plus facile et plus équitable. Selon eux, l’espéranto est bien utilisée par des voyageurs qui peuvent, éventuellement, faire partie d’un réseau mondial d’hébergeurs parlant l’espéranto (Pasporta Servo ou Service-Passeport); durant les congrès espérantophones (le Congrès Mondial de l’Espéranto de 2015 aura lieu à Lille), des festivals culturels et autres événements; pour diverses passions: correspondance internationale, cyclotourisme, philatélie, radioamateurs, discussions sur Internet, etc.

Les avantages et les inconvénients de l’espéranto

Les détracteurs de l’espéranto dénoncent une injustice envers les non-usagers de langues d’origine indo-européenne. De même, dans les mots de l’UE elle même : “Le latin ou l’espéranto sont parfois proposés comme langue unique, paneuropéenne, à adopter par l’Union européenne. Cependant, comme presque tout le monde aurait à apprendre l’une ou l’autre de ces langues à partir de zéro, cette solution serait tout aussi compliquée, et fort peu utile pour les relations avec le reste du monde. Former des professeurs et enseigner une nouvelle langue à près de 500 millions d’Européens nécessiteraient beaucoup de temps et de ressources. Il est trop simpliste de penser qu’une langue unique pourrait répondre à tous les besoins linguistiques. C’est la raison pour laquelle l’engagement de la Commission en faveur du multilinguisme met l’accent sur la diversité plutôt que sur l’uniformité.”


Néanmoins, ces arguments peuvent être contre-carrés. Par exemple, certains se sont prononcés en faveur de l’espéranto du fait de la “facilité de son apprentissage”.

Écoutons le japonais Inazō Nitobe, sous-secrétaire Général de la Société des Nations en 1922 : “On peut affirmer avec une certitude absolue que l’espéranto est de huit à dix fois plus facile que n’importe quelle langue étrangère et qu’il est possible d’acquérir une parfaite élocution sans quitter son propre pays. Ceci est en soi un résultat très appréciable.”

Symbole représentant l'espéranto
Symbole représentant l’espéranto

En ce qui concerne l’UE, s’il est vrai que l’espéranto nécessitera un investissement initial, l’UE pourrait économiser une partie substantielle du budget général sur le long terme et consacrer ces 1,123 milliards d’euros à la prospérité des européens et du monde entier.

Enfin, si l’espéranto était adopté comme langue internationale auxiliaire, cela n’impliquerait pas la supplantation des langues existantes. L’objectif n’est pas non plus d’en faire une langue exclusive, dominatrice et hégémonique, s’imposant à toute la planète. Contrairement aux dialectes, patois, langues régionales, langues nationales, l’espéranto ne se rapporte à aucun terroir, ni région ou pays particulier mais admet comme territoire la planète Terre, elle-même. Autrement dit l’espéranto se nourrit des apports linguistiques et culturels de notre planète, sans exclusivité.

À ce jour, l’espéranto est soutenu par neuf organisations internationales et environ quatre-vingt sept associations nationales des cinq continents liées à l’association universelle d’espéranto (seize des vingt-neuf pays officiellement francophones ont une association nationale d’espéranto). L’existence de l’espéranto (ou toute autre langue construite afin de contribuer à un développement plus harmonieux du monde) propose un moyen valable et novateur de communication mais aucune démarche tangible dans ce sens n’a été tentée à ce jour. Ne sommes nous pas en droit de nous poser la question du pourquoi? N’existerait-il pas de devoir permettant le rapprochement des peuples?

Vidéo: Bébé parlant l’espéranto

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Photo de couverture vía Wikimedia.

Ceci est une explication à but non lucratif.

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Osvaldo P. Camacho

I'm a convention-breaking maverick and a world citizen. Even though I cannot make people live International Affairs in the flesh, I do my best to explain them in an easy-to-understand way. My goal is to raise international awareness and hit the mainstream; currently doing it in french, spanish, portuguese and english. Despite I mainly focus on Geopolitics. International Cooperation, Development and Business, and Political Contemporary Philosophy, I always keep my mind open to the world. e-mail: opcamacho.ir@gmail.com


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